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Les Emirats arabes unis étendent leur influence sur les ports d’Afrique de l’Est

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Les Emirats arabes unis (EAU) cherchent à étendre leur présence sur les ports et les routes commerciales en Afrique de l’Est, grâce à leur géant de la logistique, DP World. Cette stratégie vise à renforcer les intérêts économiques et sécuritaires des EAU dans la région, à l’instar de la Chine avec ses « nouvelles routes de la soie ».

Le géant portuaire DP World serait sur le point de signer un accord pour développer la zone industrielle de Dongo Kundu, près du port de Mombasa au Kenya, pour 300 millions de dollars. Cette expansion permettrait aux EAU de renforcer leur emprise sur la région, qui s’étend de l’Égypte au Mozambique.

L’implantation des EAU dans la région a commencé en 2006 à Djibouti. La puissance portuaire s’étend sur toute la façade est du continent africain grâce à ses deux bras financiers, DP World et Abu Dhabi Ports, et une diplomatie entreprenante. Selon Sébastien Boussois, auteur de l’ouvrage « Emirats arabes unis : à la conquête du monde », les EAU se voient à la fois comme une nouvelle Venise, une puissance culturelle et commerciale tournée vers l’extérieur, et comme une nouvelle Sparte, un émirat très axé sur le « hard power » militaire.

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La présence des EAU dans la Corne de l’Afrique a d’abord été pensée à l’aune des conflits au sein du Golfe. Selon Jean-Loup Samaan, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI), la forte militarisation de la Corne est d’abord liée à la guerre au Yémen. Toutefois, avec la trêve au Yémen et la fin du blocus contre le Qatar, les EAU se concentrent davantage sur leurs intérêts économiques, comme leur intérêt pour Mombasa, le plus grand port d’Afrique de l’Est.

En effet, Mombasa est un hub logistique majeur sur le continent, servant de porte d’entrée vers plusieurs marchés d’Afrique centrale, tels que le Rwanda, la République démocratique du Congo, le Soudan du Sud et l’Ouganda. La région est riche en minerais et en terres rares, sur lesquels Abou Dhabi cherche à mettre la main.

« Les Emirats cherchent à contrôler à la fois les sources et les voies d’approvisionnement », affirme Jean-Loup Samaan. DP World investit également dans des ports secs en Afrique du Sud et au Rwanda. Par exemple, le port de Berbera, au Somaliland, a été conçu pour être connecté directement aux terres fertiles d’Ethiopie via un long corridor routier de 1 000 km.

De peur des pénuries de nourriture, les Emirats s’approprient des terres de la région. Ils ont acquis 400 000 hectares au Soudan et ont signé un accord de concession d’un nouveau terminal portuaire à 200 km au nord de Port-Soudan avec le gouvernement de transition à Khartoum. Cet accord, d’une valeur de 6 milliards de dollars, comprend également une zone économique spéciale, un aéroport et une zone agricole de 168 000 hectares.

La tendance des dix dernières années montre une augmentation des acquisitions de DP World et Abu Dhabi Ports, qui fait suite à une plus grande implication des Emirats dans les affaires de la Corne de l’Afrique, selon Benjamin Hunter du cabinet Verisk Maplecroft. Les EAU ont également joué un rôle de médiateur dans la paix éthio-érythréenne en 2018 et ont soutenu leurs alliés de manière plus décisive en fournissant des drones à l’Erythrée lors de la guerre au Tigré et en opérant un pont aérien vers Addis-Abeba pour soutenir l’armée fédérale d’Abiy Ahmed pendant la guerre civile à l’été 2021.

Cette expansion des Emirats arabes unis dans les ports d’Afrique de l’Est montre leur volonté de diversifier leurs intérêts économiques et de renforcer leur influence dans la région. Les investissements de DP World et Abu Dhabi Ports visent à contrôler les sources et les voies d’approvisionnement, ainsi que la majeure partie de la chaîne de valeur pour en tirer un maximum d’influence.

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