Le débat autour de l’exploitation minière des fonds océaniques est en train de s’enflammer au sein de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), une organisation créée en 1994 par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Les pays membres sont divisés entre ceux qui soutiennent l’exploitation minière des abysses et ceux qui préconisent un moratoire face au changement climatique croissant.
Lors de la réunion annuelle à Kingston, Jamaïque, qui s’est tenue du 28 au 29 juillet, les débats ont été houleux. Si le conseil de l’AIFM avait précédemment décidé qu’aucune autorisation d’exploitation des abysses ne serait accordée avant l’adoption d’un code minier en 2025, il n’a pas réussi à inscrire à l’ordre du jour la discussion sur le principe même de l’exploitation des fonds océaniques, comme le réclamaient certains pays tels que la France, le Chili, le Costa Rica, le Vanuatu et les Palaos.
La Chine, soutenue par plusieurs pays comme la Norvège, le Mexique, le Royaume-Uni et l’Inde, fait partie des partisans de l’exploitation minière en mer. Ils justifient leur position en affirmant que cette activité permettrait de récupérer des métaux essentiels pour les batteries électriques et ainsi favoriser la transition énergétique mondiale. Selon l’AIFM, les abysses du Pacifique renfermeraient des gisements plus riches que l’ensemble des mines terrestres.
En opposition, d’autres pays, tels que le Canada, le Brésil, la Finlande, l’Irlande, le Portugal et Monaco, ont rejoint l’idée d’un moratoire afin de procéder à des études d’impact environnemental approfondies avant toute exploitation minière. Cependant, il leur faudra encore convaincre 111 pays, soit les deux tiers des membres de l’AIFM, pour qu’un tel moratoire puisse être adopté.
Le président de Nauru a également marqué les esprits en exprimant son intention de demander l’autorisation de remonter des métaux précieux de la zone de Clarion-Clipperton, dans le Pacifique. Cette position a accentué la dimension politique de la réunion.
Face à cette situation, la France, représentée par Emmanuel Macron, milite pour un débat en faveur d’un moratoire à la prochaine Conférence des Nations Unies sur les océans en 2025. Cette position a été soutenue par des organisations environnementales telles que Greenpeace, le WWF et la Fondation pour une justice environnementale.
La bataille autour de l’exploitation des abysses soulève également des questions sur le fonctionnement démocratique de l’AIFM, certains appelant à une révision de ses statuts. Pourtant, malgré ces débats houleux, certains acteurs économiques restent déterminés à aller exploiter les grands fonds océaniques, profitant du flou juridique actuel.
La question de l’exploitation minière des fonds marins continue de diviser les nations du monde. Avec des enjeux environnementaux, économiques et géopolitiques en jeu, l’avenir de cette activité reste incertain.