Le 2 mai 2023, la Writers Guild of America (WGA), un syndicat de scénaristes américains qui représente plus de 11 000 scénaristes à Hollywood, a débuté une grève dans le secteur. En juillet 2023, elle a été rejointe par le syndicat SAG-AFTRA, qui représente plus de 160 000 acteurs et figurants à Hollywood. Les revendications de ces deux syndicats incluaient principalement la rémunération des travailleurs du secteur.
Pourquoi font-ils grève ?
En 1960, une grève historique de ces mêmes syndicats avait permis de créer un revenu pour les professionnels du secteur, le droit résiduel. C’est ce droit qui est aujourd’hui contesté. 
Traditionnellement à la télévision, lorsque les acteurs et scénaristes étaient recrutés pour une série, cela signifiait qu’ils étaient employés de septembre à mai, car les séries se composaient de 22 épisodes, diffusés tout au long de l’année à la télévision. En plus de leurs salaires lorsqu’ils étaient employés, les scénaristes et acteurs touchaient un droit résiduel à chaque rediffusion d’un épisode à la télévision, ce qui leur assurait une stabilité financière le reste de l’année.
Cependant, avec l’émergence des plateformes de streaming, l’industrie s’est transformée. En effet, celles-ci privilégient les séries avec moins de saisons et moins d’épisodes. Le schéma classique d’une série Netflix est d’environ 6 à 8 épisodes, certaines séries ont même vocation à ne pas être renouvelées, comme récemment la série « Tapie ». Ainsi, le concept du droit résiduel attribué à chaque rediffusion à la télévision n’a plus de sens dans le streaming.
D’un côté, les acteurs, figurants et scénaristes sont moins rémunérés car leur période d’activité sur une série est plus courte. De l’autre côté, la forme du droit résiduel a changé. Ils perçoivent désormais une somme fixe et annuelle dont le mode de calcul est opaque et largement critiqué par les acteurs et scénaristes. Ils touchent à peu près le même montant que ce soit pour une série qui est très regardée ou peu regardée. Une actrice de « Orange Is The New Black » a notamment reçu 20 dollars de droit résiduel annuel. Ces revenus seraient estimés à plusieurs milliers de dollars s’ils étaient diffusés à la télévision.
Les deux corps de métiers exigent également des protections concernant l’intelligence artificielle. Les scénaristes craignent que leurs scripts soient utilisés pour entraîner une IA et que les scénaristes soient moins sollicités et donc moins bien payés par Hollywood. Les acteurs ne veulent pas que leur image et leur voix soient clonées.
Un accord trouvé entre les deux parties ?
Le dimanche 24 septembre, un accord de principe a été annoncé entre la Writers Guild of America (WGA) et l’Alliance of Motion Picture and Television Producers (AMPTP) qui pourrait mettre fin à la grève massive qui a paralysé Hollywood. L’accord contractuel de trois ans, conclu après cinq jours intensifs de négociations, doit être approuvé par le conseil d’administration pour mettre officiellement fin à la grève. Les membres de la guilde ne permettent aucune reprise du travail pour le moment. Cependant, les piquets de grève sont suspendus. En revanche, aucun accord n’a été annoncé pour les acteurs en grève. Les négociations n’ont pas encore repris entre les studios et le SAG-AFTRA.
Les coûts de cette grève.
La grève actuelle de la WGA a dépassé largement en durée celle des scénaristes en 2007-2008, qui avait duré 100 jours et avait entraîné des pertes économiques de 2,1 milliards de dollars (presque 2 milliards d’euros) pour la Californie. Selon une étude récente du Milken Institute, le coût de l’arrêt actuel d’Hollywood est estimé à 5 milliards de dollars.
