Ce mardi 5 novembre, les électeurs désignent le successeur de Joe Biden dans un duel sans précédent entre Kamala Harris, 59 ans, première femme noire et d’origine indienne à briguer la présidence, et Donald Trump, 78 ans, en quête d’un retour fracassant. Selon les sondages, l’écart est infime, promettant une élection aussi serrée que celle de 1876.
Kamala Harris, vice-présidente sortante, incarne la continuité du mandat Biden tout en cherchant à s’en démarquer. Ancienne procureure de Californie, elle mise sur la défense du droit à l’avortement et la protection des institutions démocratiques, ébranlées depuis 2020. Son colistier, Tim Walz, gouverneur du Minnesota, renforce son ancrage dans le Midwest.
Face à elle, Donald Trump, porté par un électorat loyal, recycle son slogan « Make America Great Again » et promet un durcissement migratoire, une réduction des régulations environnementales et un soutien inconditionnel à Israël. Son choix de J.D. Vance, sénateur de l’Ohio, comme vice-président, séduit l’aile populiste du parti.
La dynamique a basculé après la tentative d’assassinat contre Trump en juillet, transformant son image en « survivant » héroïque. Blessé à l’oreille lors d’un meeting en Pennsylvanie, il a exploité l’événement pour galvaniser sa base, malgré des déclarations controversées sur les migrants ou l’aide ukrainienne.
Harris, elle, a dû convaincre en un temps record. Son entrée en campagne, marquée par une levée de fonds record (81 millions de dollars en 24 heures), contraste avec des meetings perturbés par des manifestants pro-palestiniens. Lors de son débat face à Trump, elle a néanmoins assis sa stature présidentielle, défendant un projet progressiste face aux outrances de son adversaire.
e scrutin indirect, via 538 grands électeurs, rend pivotaux sept États : Arizona, Caroline du Nord, Géorgie, Michigan, Nevada, Pennsylvanie et Wisconsin. Harris y devra reproduire la coalition multiethnique et jeune de Biden, tandis que Trump table sur les zones rurales et les travailleurs industriels.
Avec 66,6 % de participation en 2020, le vote par correspondance reste un enjeu. Les résultats pourraient tarder, comme en 2020, en raison de dépouillements minutieux.
Au-delà de la présidentielle, les électeurs renouvellent un tiers du Sénat, la Chambre des représentants et des postes locaux clés. Ces résultats détermineront la marge de manœuvre du futur président.
Dans un climat de défiance exacerbé — 40 % des républicains doutent de la légitimité du scrutin —, les craintes de violences post-électorales ressurgissent. Quatre ans après l’assaut du Capitole, les institutions américaines sont à nouveau sous tension.